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Les jardins à l’anglaise

Le jardin à l’anglaise est une typologie qui apparaît en Angleterre au XVIIIème siècle. Il s’agit d’une rupture totale avec le modèle prévalent du jardin à la française, lui même inspiré des jardins à l’italienne. Il s’agit plus de dominer la nature mais au contraire de la laisser s’exprimer et d’admirer sa force. Ces jardins sont conçus comme des œuvres de peinture et les propriétaires font souvent appel à des peintres pour les réaliser.

 

Les caractéristiques du jardin à l’anglaise

Le jardin à l’anglaise est souvent perçu comme un désordre végétal mais il est finalement très maitrisé. C’est le choix initial des plantes qui donne cet aspect d’abondance. En effet, les paysagistes emploient généralement des plantes grimpantes et feuillues comme du lierre ou de la vigne vierge. Il s’agit également de faire ressortir toutes les couleurs de la nature par un choix de fleurs variées. En général on peut trouver des roses, appréciées à la fois pour leurs couleurs éclatantes et pour leur forme de buisson que peuvent prendre les tiges et les feuilles, dans les jardins à l’anglaise. L’autre élément végétal important du jardin à l’anglaise est la présence de labyrinthes de buis. Ils invitent le visiteur à s’y perdre, entouré par la nature qui le domine et le protège.

A ces plantes s’ajoute une construction sinueuse du jardin en privilégiant des matériaux plus naturels comme la pierre pour les allées. On peut également trouver des éléments aquatiques dans les jardins à l’anglaise mais il s’agit généralement de mares ou de rivières dont les berges sont parsemées de plantes longues comme du jonc. L’utilisation de la cascade est également très fréquente puisqu’elle fait encore une fois référence à la force de la nature.

Enfin concernant le terrain il s’agit de mettre en avant les éléments naturels comme les collines et les vallons. Ces jardins ne sont pas construits selon un cheminement mais invitent plutôt le visiteur à s’y promener et le découvrir au gré de sa promenade. Il faut noter que généralement, il s’agit de petits espaces dans lesquels la méditation est privilégiée par rapport la promenade d’où l’installation de mobilier d’assise comme des bancs pour inviter le visiteur à s’attarder un peu dans cette nature foisonnante.

La valeur symbolique du jardin à l’anglaise  

Le jardin à l’anglaise appelle à la sensibilité artistique des visiteurs. Ils sont conçus telles des œuvres d’art et laissent libre court à la poésie. Contrairement aux jardins à la française, ils ne sont pas systématiquement réalisés par des paysagistes mais peuvent être imaginés par des peintres. C’est par exemple le cas du jardin du Petit Trianon de Marie-Antoinette qui fut conçu par le peintre français Hubert Robert. Ses œuvres sont caractérisées par des paysages où la nature reprend ses droits sur le travail de l’homme symbolisé par des ruines. Son travail est emprunt d’un grand romantisme et d’une poésie que l’on retrouve dans les jardins à l’anglaise.

Hubert Robert, Vue de la Grande Galerie du Louvre en ruines, 1796, huile sur toile, 114 x 146cm, Musée du Louvre, Paris

Vers la fin du XVIIIème siècle, ce modèle remplace largement les jardins à la française. Certains historiens, estiment que cet essor est en partie du à la Révolution française puis à la domination de Napoléon. En effet à travers un rejet du jardin à la française pour adopter un jardin à l’anglaise, c’est un rejet de la monarchie et de ses codes carrés et stricts. Par la suite, il s’agit de se placer en opposition avec Napoléon et ses ambitions militaires.

Le jardin à l’anglaise et l’art

Si le jardin à la française devient au XVIIème siècle presque un art à part entière, le jardin à anglaise se place encore plus loin dans la création artistique. Ce sont parfois des artistes confirmés qui sont appelés pour réaliser les jardins, à l’image du peintre Hubert Robert, et ces jardins s’inscrivent parfaitement dans l’esthétique picturale de l’époque.

En effet au XVIIIème, émergent des mouvements romantiques dans l’Europe notamment en Angleterre et en Allemagne avec des peintres comme Caspar David Friedrich. Ces mouvements donnent naissance à de nouveaux courants artistiques notamment celui des préraphaélites anglais. Cette peinture fait clairement écho à la symbolique du jardin à l’anglaise puisque l’on se trouve dans des œuvres où la nature folle prend une place majeure et la poésie se mêle à l’image.

Le jardin à l’anglais, rompt donc avec la tradition du jardin à la française proposant des solutions radicalement opposées : chemins sinueux, végétation dense, invitation à la divagation,… Ce mouvement gagne rapidement toute l’Europe et s’impose comme modèle artistique. Modèle qui se retrouve dans la peinture où image et poésie s’entremêlent.