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Saviez-vous qu’une prison existe à Janvry depuis le XVIIe siècle ?

Peu de gens le savent mais une prison se trouve dans la tour de l’aile sud du Château de Janvry.

 

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On y trouve deux petites cellules de 4m2 avec très peu d’éclairage. Les portes ont été conservées intactes depuis le XVIIe siècle, garnies de clous et ferrures avec judas. Les cellules ont aussi été conservées (les gamelles sont restées à leur place comme si le temps s’était figé).

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Au XVIIe, l’existence d’une prison seigneuriale était associée au droit de haute justice. Jehan de Baillon (écuyer et seigneur de Janvry) prétendait détenir ce droit mais en fut débouté par le Parlement de Paris. En 1573, lors de la mort de son mari Jehan de Baillon, Marie de Hacqueville pu garder le droit de moyenne et basse justice.

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A la suite dun échange entre les familles Becquet et Baillon, Anne du Tixier et son mari Michel Ferrant reçurent la maison seigneuriale. Dès lors, ils détenaient le pouvoir de moyenne et basse justice. Lorsque Pierre Ferrand, l’ainé des fils, recherche la distinction de sa seigneurie, il obtient la concession de la haute justice « avec le tabellionage et péage dans toute l’étendue de la paroisse de Janvry ». Les sentences de morts pouvaient donc être décidées à Janvry puis aller directement à la cour de justice de Paris afin d’être validées. Du fait des droits de haute justice obtenus, Hélène Gillot, veuve de Pierre Ferrand, pu dresser un constat d’un auditoire pour y faire rendre la justice. En 1654, un auditoire fut mis en place au milieu du carrefour de la Croix, des structures judiciaires dédiées à l’exposition de la pendaison.

De nombreux documents de l’époque ont été retrouvés, dont ces quelques phrases : « Comme aussy les lieux pour planter les piliers et fourches patibulaires et le poteau et carcan audit sieur de Janvry, et pour faire planter iccelluy poteaux avec carcan, piliers et fourches patibulaires audit lieu désigné par le procès-verbal… ». Le carcan était un collier métallique servant à attacher un condamné, en l’exposant à l’infamie avec une humiliation publique.

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De plus, des fourches patibulaires étaient présentes à l’entrée du village et étaient constituées de deux piliers sur lesquels reposait une traverse en bois horizontale. Le pouvoir de haute justice donnait droit de pendre les condamnés à mort à l’aide de la traverse de bois. Leurs corps sans vie restaient à la vue des villageois et étaient peu à peu dévorés par le gibier. Nous n’avons à ce jour jamais retrouvé de sentence de mort prononcée à Janvry. Notons cependant un fait rare : Gilles Gratien reconnait l’emprisonnement de Jacques Debrye, à la requête du collecteur des impôts, pour la somme de « 170 livres », « écroué aux prisons de la justice de Janvry ». Le nombre de piliers de justice ou fourches patibulaires dépendait de la qualité des seigneurs, manifestant son pouvoir de justice. Janvry fut en cette année 1654, une seigneurie à part entière.

Si cette histoire vous paraît sombre et effrayante, ne fuyez pas ! Aujourd’hui, les prisons sont vides de tout habitant et sont devenues un décor idéal pour des films angoissants…

Nous remercions Julien Christian pour ses recherches.

 

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